Bonjour bonjour, me revoilà pour un tout nouveau projet.

Suite à une envie de refaire ma salle de bain et poussée par ma curiosité sous jacente, je me lance dans la recherche de nouvelles matières, de nouveaux défis. Première chose, changer ce lavabo qui me sort par les oreilles, d'ailleurs c'est bien dommage mais j'en ai jeté les photos tellement c'était devenu viscéral. Deuxième chose, mes choix doivent répondre à deux contraintes : un désir d'effet minéral c'est-à-dire le plus naturel possible et un budget serré.

Très vite je me rends compte que les vasques sont hors de prix et me confronte encore une fois à une société consumériste et élitiste que je tente de dénoncer, à ma façon. Pourquoi faut-il que les choses belles soient chères ?

Je décide donc de réaliser ma vasque moi-même. Après avoir fait un état des lieux des différentes matières, mon idée s'arrête sur le béton cellulaire, que je sculpterai moi-même et que je recouvrirai d'un enduit.

1ère étape : Sculpter le ciporex.

Je me rends donc à l'atelier de Anne, sculpteur émérite, pour m'accompagner dans ce projet.

J'effectue mes repères au crayon et je me lance...

L'avantage du béton cellulaire c'est qu'il est à la fois léger, résistant, facile à sculpter et poreux. Sa porosité permet  une bonne accroche pour l'enduit, perspirant il est idéal pour le tadelakt.

Le fond a été travaillé à l'aide d'une gradine et de ciseaux de sculpteur, les trous pour la robinetterie à l'aide d'une perceuse. On travaille petit à petit en vérifiant le diamètre et dès que la bonde passe c'est qu'on est bon !!!

2ème étape : enduire de mortier colle

  Avant tout, je décide  d'enduire mon béton cellulaire avec du mortier colle car mes murs sont recouverts de carrelage et comme je ne souhaite pas le retirer il sera enduit lui aussi de ce mortier, en sous couche, pour avoir une uniformité dans toute la salle de bain et éviter ainsi les effets de spectres.

Le béton cellulaire étant poreux, il vaut mieux mouiller le béton au préalable afin qu'il ne pompe pas toute l'eau du mortier, ça facilite la pose car l'enduit sèche beaucoup moins vite.

Le mortier est travaillé avec une taloche que l'on ne cherchera pas à lisser, l'avantage d'avoir fait cette sous couche au mortier colle c'est qu'il permet de rattraper les imperfections. Maintenant on est enfin prête pour faire notre enduit.

Le choix de l'enduit n'a pas été une mince affaire. Suivant l'évolution de la décoration et donc l'usage de nouvelles matières, c'est tout naturellement que je m'oriente vers le béton ciré. En effet, le style et l'usage pouvait tout à fait répondre à mon besoin. Je me lance donc dans ma quête et part à la rencontre des magasins susceptibles de proposer ce produit. Là, encore une fois, je tombe des nues et me confronte à cette réalité mercantile qui consiste à faire payer le prix fort pour tout ce qui est à la mode et joli. Mais je refuse ce principe et mon porte monnaie encore plus.

C'est alors que je me tourne vers un petit bijou de savoir faire : le tadelakt, mais qu'est ce donc ce mot barbare ?  Le tadelakt, fait partie des stucs. Mot amazigh (berber) qui s'écrit en caractère arabe comme suit (تدلاكت prononciation API tadla:kt), provient du verbe DALAKA qui signifie en arabe masser, frotter, polir, aplanir.  C'est un enduit de chaux à l'eau, brillant et imperméable. Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tadelakt

Parfait pour mon projet !

3ème étape : préparation du tadelakt

Je n'ai rien inventé, j'ai suivi les conseils trouvés sur internet. Et ils en existent une foultitude (pas comme pour le béton ciré !!!), je me suis arrêtée sur celle la : http://www.pigmentplus.com/tadelack.htm ou http://stucandtadelakt.com/tadelakt.html

Maintenant fini le blabla, on passe à l'action !!!

4ème étape : pose de l'enduit

Bon j'avoue, pas facile la première fois ! Disons que c'est un véritable savoir faire et qu'il faut s'entrainer pour avoir le coup de main ! Mais le rendu n'est pas si mal même si ce n'était pas tout à fait ça que je souhaitais. Mais c'est bien en forgeant que l'on devient forgeron, donc j'ai venu, j'ai vu mais j'ai pas totalement vaincu. Mais maintenant que je me suis confrontée je sais ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire.

En tout cas sachez que les angles carrés ne sont pas appropriés et qu'il vaut mieux les arrondir avant, la pose sera facilitée et les chances que l'enduit se casse amenuisées, car le tadelakt est fragile et une fois serré il est aussi dur que la pierre mais pas aussi épais !!!

Je ne peux pas vous montrer les étapes intermédiaires; car il est difficile de se prendre en photo en même temps que l'on pose l'enduit, et puis ce n'est pas de la rigolade le tadelakt; car lui n'attend pas !!! Les deux couches sont posées en suivant. Dès lors que la première passe ne marque plus lorsque vous posez le doigt dessus, vous pouvez enchainer la deuxième. Il faut donc que la première couche soit suffisamment sèche pour que la seconde ne l'accroche pas mais pas totalement sèche pour pouvoir se fixer dessus. C'est donc l'environnement de travail (chaleur et aération) qui vont déterminer le temps entre chaque pose.

5ème étape resserrer l'enduit :

On laisse sécher tout ça, en restant près de son ouvrage car le tadelakt en séchant va craqueler. Il faut donc au fur et à mesure que l'on voit une craquelure apparaitre resserrer la craquelure à l'aide d'un bon plastique. Moi j'ai choisi ma carte fnac, mais l'idéal c'est que votre plastique soit blanc pour éviter de marquer l'enduit. On laisse sécher toute une nuit (entre 10 et 24h), des craquelures continuent à apparaître, vous les refermez avec le savon noir et le galet. Il ne faut surtout pas attendre trop longtemps sinon vous ne pourrez plus les refermer et l'enduit perdra de son étanchéité. Sur un mur ce n'est pas très grave mais pour un bac de douche ou une vasque ça craint !!! On se muni de savon noir, d'un pinceau et d'un galet poli. On travaille toujours par petite zone et de bas en haut pour éviter les coulures. A l'aide du pinceau vous appliquez le savon noir en le faisant bien pénétrer et à l'aide du galet poli vous effectuez de petits mouvements circulaires en appuyant (mais pas comme un malade !!!) votre enduit. Et enfin vous avez 5 jours pour appliquer la cire de finition qui permet une meilleure imperméabilisation et protection de l'enduit.

Pas de sushis pour les traces que l'on voit ça part en séchant, même si finalement je pense avoir un peu trop appuyé avec le galet !!!

Bon maintenant, il lui faut un support pour la soutenir. Un piètement en ciporex fera l'affaire, lui aussi est enduit de tadelakt. Découpe du parquet flottant à la meuleuse (merci Jackie, sans toi je n'aurais pas su comment faire !) puis collage du ciporex sur le béton directement. Puis, pose du mortier colle sur l'ensemble des murs et enfin du tadelakt selon les techniques énoncées précédemment. Je vous laisse regarder le reste, les images parlent d'elles-mêmes :

C'est bien dommage de ne pas avoir gardé les photos de l'ancien évier, vous auriez certainement halluciné. Si un jour je retrouve d'anciens vestiges je ne manquerai pas de vous faire partager. Les boiseries et les tuyauteries ont été peintes à la bombe couleur argent.

Pour le choix des couleurs, j'avoue que je suis allée au plus simple et au plus sobre. Les teintes vont du blanc à des dégradés de gris pour la simple et bonne raison qu'il est très difficile de retrouver exactement les mêmes teintes avec les pigments. J'ai, à chaque fois, fait de grandes quantités de chaux et lorsque j'avais fini un pan de mur je mélangeais le restant avec ma nouvelle préparation en allant du plus clair au plus foncé.

Une vue d'ensemble avec les murs enduits.

 Une vue avec l'ancien carrelage bleu dégueu !!!

Petit medley de vues !

Voilà, j'espère que ça vous a plu, moi en tout cas, il m'a fallu une semaine pour faire tout ça et j'ai perdu 5 kilos et un os ! Avis aux régimes women vous savez ce qu'il vous reste à faire !!!