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  • : Partager ma passion pour la tapisserie d'ameublement, les techniques de réfection des sièges et tout ce qui à trait à la rénovation et à la décoration : enduits à la chaux, tadelakt...
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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 14:33
Bonjour à tous et toutes.

Enfin, le voici, le voilou, le nouvel article tout frais ! Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, j'en profite pour vous annoncer la naissance de l'Atelier Ressort, qui aura droit lui aussi à son article, mais chaque chose en son temps.

Je vous avais parlé de projet en cours et bien en voici un qui est enfin terminé. Et maintenant je vous laisse voyager dans les entrailles de ces deux fauteuils Louis XVI médaillon.

Voilà, tout d'abord, comment étaient les fauteuils au départ.

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Plutôt pas mal finalement, car on a connu pire, mais assez usés par le temps et les innombrables petits popotins qu'ils ont pu porter. On peut voir les stigmates du temps laissés sur les accotoirs, ainsi qu'une assise en mousse affaissée.

Avant toute chose, je tiens à dire que nos amis étaient en mousse et vous verrez qu'ils ont été entièrement refait de façon traditionnelle, d'où la longueur de l'article, d'ailleurs si vous êtes pressé contentez-vous des images, sinon revenez-y plus tard. Et si je vous dis cela c'est pour vous en expliquer la, ou plutôt les raisons.

La première, m'est totalement personnelle. L'amour du crin, son toucher, son odeur, qui me rappellent l'enfance, certainement, et puis le fait que ce soit naturel, disons disponible dans la nature, "rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme" disait Lavoisier. La seconde est plutôt pratique, car le crin vieillit bien mieux, il se réutilise sans cesse alors que la mousse (plus chère) s'affaisse, s'effrite, prend les odeurs, retient l'humidité.

Bref, je préfère le crin et mes fesses aussi !!!

Première étape : le dégarnissage

Enlever les clous tapissier, le tissu, la ouate, la toile, la mousse, les sangles et les agrafes. Ouais, l'air de rien c'est déjà du taf !

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Voici donc les carcasses des fauteuils à nus.

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Hou, mais que vois-je, pleins de petits recoins. Bon ben à nous l'huile de coude pour la prochaine étape !!!

Deuxième étape : décapage, recollage, "teintage" et cirage du bois

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Les fauteuils ont été grattés à la main avec une lame de rasoir pour enlever le vernis, puis poncé avec de la laine d'acier et du papier de verre. Les rainures ont été décapées avec un produit à base de soude.

Ensuite le bois a été teinté puis ciré.

Troisième étape : le déconnage

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Et oui, faut bien se lâcher de temps en temps et puis ça n'enlève rien au dur labeur et à la qualité du travail.
Et puis, en tant qu'ergonome, je me dois de vous dire de vous protéger, c'est ce que l'on appelle le principe de précaution, car je ne voudrais surtout pas que vous vous salissiez !!!

Quatrième étape : le sanglage

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Bon rien de drôle à raconter sur le sanglage.

Cinquième étape : le guindage

Pour le guindage, il faut tout d'abord positionner les ressorts selon la forme de la ceinture, de manière à répartir le poids de façon équilibrée. Ensuite on marque l'emplacement des ressorts, puis on coud chaque ressort en quatre points sur la sangle, de façon à ce qu'ils ne bougent pas. Et enfin, on procède au guindage, c'est-à-dire qu'on effectue un maillage des ressorts entre eux que l'on vient fixer sur la ceinture en effectuant une tension sur chaque ressort.
Attention à ne pas lâcher la corde, car les ressorts sous pression sont une véritable bombe à retardement !!!

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Ensuite, on recouvre le guindage de toile forte et on y coud des lacets de sorte à pouvoir, respectivement, accueillir et fixer le crin, mais nous le verrons en suivant.

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La troisième photo (celle exactement là au-dessus), peut vous paraître obscure, mais qu'à-t-elle voulu dire ????? Ne voyez-vous pas une bande un peu plus claire sur la ceinture du bois ? Et bien, il s'agit du chanfrein, bien sûr !!! Et qu'est-ce que c'est que le chanfrein ? Et bien, ce petit truc de rien du tout, qui paraît si insignifiant, améliore le passage des énergies dans le corps en ne coupant pas l'irrigation du sang dans les jambes !!! Dingue non ?
Mais non, je plaisante, on pourrait vous faire avaler une couleuvre ! Non, ce petit biseautage du bois permet de fixer plus facilement l'ensemble du crin, mais nous le verrons un peu plus tard.

Sixième étape : la mise en crin

Voici la quantité nécessaire pour faire l'assise d'un seul fauteuil. On constitue des poignées de crin de quantité identique, au même nombre que celui des lacets, de sorte à faire une assise homogène.

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Chaque poignée est insérée dans les lacets puis cardée de sorte à avoir un nuage de crin homogène et doux. Ce nuage de crin sera ensuite travaillé petit à petit de sorte à représenter une galette de 6 cm au plus.

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 Le crin est ensuite recouvert par une toile d'embourrure qui va venir contenir l'ensemble de ce nuage.
Comme en témoigne la photo suivante :

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Et voilà tout l'intérêt du chanfrein dont je vous ai parlé précédemment.  Il permet de fixer la toile d'embourrure sur la ceinture du fauteuil plus aisément et donc d'enfoncer les semences en biais pour ne pas être gêné par la toile et le crin.

On commence dès lors à ramener le crin vers l'avant pour entamer la formation du bourrelet tout autour du fauteuil.
Par ailleurs, on travaille, déjà, dans le droit fil, car les fils de la toile vont nous servir de repères et donc d'effectuer un travail régulier, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'une paire de fauteuils.

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 Puis, à l'aide d'un carrelet double, on vient piquer le crin, dit en forme de cheminée, avec une corde ce qui va permettre de maintenir le crin en place et d'uniformiser l'assise. Ensuite, on effectue le piquage, c'est-à-dire l'ensemble des points que vous voyez sur la photo suivante qui vont permettre de former, petit à petit le bourrelet et on relâche le point de fond.

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Cette opération s'effectue sur l'ensemble du pourtour du fauteuil. Nous nous arrêterons à cette étape pour l'instant au niveau de l'assise, nous y reviendrons ultérieurement.

Dès à présent je vais vous présenter le travail au niveau du dossier (médaillon).

Tout d'abord, on appointe le tissu que l'on verra de dos, c'est-à-dire que nous n'enfonçons pas les semences définitivement, vous comprendrez pourquoi. Ensuite on vient fixer la toile forte sur le tissu, pour cela on enlève une à une les semences appointées précédemment puis on fixe définitivement la toile forte et le tissu tous les 5 cm environ.

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Ce qui va donner ceci pour l'avant et cela pour l'arrière.

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Dans la mesure où l'on travaille dans un arrondi, il est nécessaire d'effectuer des encoches tout autour du tissu et de la toile forte de façon à ne pas avoir de surplus et on fixe de nouveau des semences entre les semences précédentes pour consolider le tout.

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De la même façon que pour l'assise on met une toile d'embourrure qui va venir emprisonner le crin.
Pour cela, on coud la toile d'embourrure à la toile forte, en faisant bien sûr attention de ne pas prendre le tissu derrière et en effectuant un rond au milieu. Puis on replie la toile d'embourrure pour pouvoir travailler le crin de part et d'autre.
Avant de mettre le crin, on a cousu des lacets sur la toile forte (tout autour de la toile d'embourrure repliée) qui permettront de fixer le crin.

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Toujours les mêmes principes : on effectue des poignées de crin identiques les unes aux autres, au même nombre que les lacets, on les fixe dans les lacets, on les carde bien et on commence à leurs donner la forme du médaillon.

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On déplie la toile d'embourrure qui se trouve au milieu :

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Puis petit à petit, toujours, on fixe la toile d'embourrure. Lorsque je dis petit à petit, cela sous entend qu'on effectue plusieurs tours où l'on va appointer les semences en serrant le crin, puis enlever une à une les semences en resserrant toujours un peu plus et ainsi de suite, jusqu'à obtenir quelque chose d'homogène.

C'est-à-dire ça :

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Alors, autant vous prévenir que les mains en prennent un coup !!! Entre les pressions effectuées sur le crin et les coups de marteau égarés, aïe aïe aïe !!! Mais peut-être, ressentez vous la même chose que moi, lorsque vous voyez ces images qui vous font oublier la pénibilité physique du travail de tapissier. Il y a des moments même où l'on se dit que c'est dommage de les recouvrir de tissu, car ce qu'il y a dessous est une véritable oeuvre en mon sens. C'est d'ailleurs ce qui me motive à faire ce blog, afin de vous faire partager tout ça, vous qui ne le voyez pas forcément et peut-être aussi de vous faire prendre conscience du travail titanesque à réaliser. Bon revenons à nos moutons, car je m'égare parfois mais j'aime vous faire partager ce qui s'anime en moi ! Et oui, je vous présente la blogthérapie !!!

Bon passons à l'étape suivante. Pour aider le travail de piquage, on n'hésite pas à effectuer des repères au marqueur sur la toile d'embourrure, surtout si on travaille sur une paire de fauteuil pour avoir quelque chose de régulier et d'identique sur les deux.

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Ne paniquez pas si vos semences se décrochent, car il y a une pression énorme, tout ça sera consolidé par le tissu et les clous tapissier.

Maintenant au tour des accotoirs ! Oui, je sais dans le langage courant on appelle ça des accoudoirs, mais dans tout métier on a des termes techniques, peut être pour rendre les métiers plus professionnels, ou peut être "accoudoirs" est-il une déformation de la langue ? Je ne sais pas, mais comme dans toute chose il y a matière à discuter et surtout à apprendre. Bon du coup, j'ai encore une fois, eu l'envie de comprendre et après recherche je vais vous transmettre le pourquoi du comment.

Dixit Wiktionnaire (http://fr.wiktionary.org/wiki/Discussion:accoudoir) :

 

Erreur fréquente de différence entre accoudoir et accotoir

  • accotoir = appuis pour les bras sur les côté d'un siège on y pose généralement les avant bras et pas ses coudes comme sur un accoudoir qui lui est placé sur le haut du siège.
  • accoudoir = est la partie où l'on pose les coudes sur un siège comme un prie dieu
Bon après cette aparté, je vous montre ce qu'il faut faire.

Toujours mêmes principes : fixer les lacets, alors comme on est directement sur du bois, on fixe les lacets avec des semences, puis on fixe le crin dans les lacets.

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On recouvre le crin avec de la toile d'embourrure, en travaillant petit à petit toujours, pour obtenir le résultat suivant :

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Voilà pour le gros oeuvre, celui que malheureusement on ne voit pas. Maintenant on va passer au travail de finition, qui reste lui aussi, en partie, invisible, mais qui a toute son importance.

Septième étape : la mise en blanc

On met du crin animal pour uniformiser l'assise et éviter que l'on sente les aspérités liées au point de fond et au bourrelet. Puis on recouvre de toile blanche, c'est ce que l'on appelle la mise en blanc.

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On rajoute un peu de ouate et on fixe le tissu et voili et voilou, elle est pas belle la vie ?

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Dernière étape : la pose du tissu

Bon elle a déjà été entamée, mais je vous rajoute d'autres photos pour le plaisir et surtout pour étayer mon propos.
Comme en témoignent les photos, la partie assise est terminée, par contre au niveau des accotoirs, vous pouvez constater qu'on effectue une première mise en place en appointant les clous tapissier, ce qui permet de pouvoir tendre au fur et mesure le tissu.

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Puis on enfonce définitivement les clous tapissiers lorsque la tension du tissu est suffisante et satisfaisante.

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Maintenant on revient sur le dossier pour effectuer le même travail.

On met du crin animal au centre, ce qui va permettre d'obtenir la forme incurvée tout en assurant un maintient du dos, puis on rajoute de la ouate. Attention toutefois à ne pas mettre de crin sur le bourrelet, idem pour l'assise.

Alors, juste une petite aparté sur le crin animal. Il existe deux sortes de crin animal, le blond et le noir, le noir étant un peu plus dru et épais, ce qui en soit n'est pas un scoop, puisque chez nous les êtes humains la tendance est aussi vraie !!! Au fait si vous avez des chevaux, je suis preneuse du crin sachez le : "rien ne se perd...". Il en va de même pour le foin !

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Et on pose le tissu ! Vous verrez ici, puisque je ne vous l'ai pas montré pour l'assise, que la pose du tissu se fait petit à petit et qu'il est possible d'appointer avec les clous tapissier.

On travaille dans la verticale, toujours au niveau des axes, afin de respecter le droit fil du tissu. Et petit à petit on redescend et on va résorber les excédents de tissu puisque l'on travaille dans un arrondi. Pour les côtés, on va tirer le tissu vers l'horizontale, ce qui permet de ne pas déformer le tissu et donc ses imprimés.

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Bon voilà maintenant que vous savez tout, je peux vous montrer le résultat final avec un petit rappel du point de départ :

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Voilà les amis, une nouvelle production Made in chiner.





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commentaires

D
J'ai un fauteuil Louis XVI en tapisserie. Je voudrais protéger les accotoirs.Trouve t'on dans le commerce ce genre de protection à poser ou fixer ?<br /> Merci
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P
<br /> Bravo pour ce boulot!<br /> Petite astuce pour vos travaux et surtout pour faire des économies, j'ai découvert un site ou l'on peut mettre ses projets de travaux en ligne dans le but de trouver un pro du bâtiment, de la déco<br /> au meilleur prix je vous le conseille vraiment ;-)<br /> www.bestofartisans.com<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Bonjour, une petite question, je retapisse moi aussi un voltaire mais je rencontre un problème les agrafes, comment les avez vous retirer?? sans abimer le bois.<br /> Merci<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Bonjour, il existe des ôte agrafes prévus pour réaliser cette tâche et qui vous évitera d'abimer le bois.<br /> <br /> <br /> Vous trouverez des infos à ce propos dans l'article "outils et matières premières du tapissier" dans le chapitre outils n°9 arrache clous. Sinon vous pourrez le faire avec un ciseau à dégarnir ou<br /> un tournevis plat si vous ne souhaitez pas investir dans un ôte agrafes.<br /> <br /> <br /> Très belle journée à vous et bon dégarnissage !!!<br /> <br /> <br /> <br />